mardi 6 octobre 2015

10km Rahal à Marrakech ou la course lunaire de Tahanaout

Avant le départ sous la chaleur!
C'est ma 2ème courses avec les Runners de Dar Bouazza et notre 1ère course des Runners de Dar Bouazza en dehors de notre pré carré balnéaire de Dar Bouazza. Comme un signe, nous avons effectivement couru notre 1ère course à Dar Bouazza en septembre dernier.

Revenons à cette 2ème course que nous attendions avec impatience car elle était, pour la 1ère fois pour le groupe, synonyme de voyage, de fin de semaine passée ensemble, de repas partagés, d'enfants qui jouent ensemble, de covoiturage, de routine brisée ... Bref, nous étions excités comme des enfants à la veille de leur anniversaire, impatients de déballer leurs nombreux cadeaux.

Nous en parlions depuis 2 semaine, je pense. Cette course, certainement la 1ère d'une longue série de courses, nous occupait l'esprit, refaisait surface dans toutes nos discussions. C'était une course de 10 kilomètres, notre 2ème 10 kilomètres ensemble. Cela peut paraître court pour une course mais nous avions quand même tous des étoiles dans les yeux. Nous avions hâte d'en découdre avec ses satanés 10 kilomètres; la motivation et la détermination étaient au rendez-vous. 
Et puis courir à Marrakech la Ville Ocre dont la renommée était désormais mondiale, ville de villégiature par excellence, ville de fin de semaine appréciée par beaucoup d'entre-nous, c'était la passion alliée au plaisir et à la détente. Encore une fois, nous allions nous unir autour de la course, de l'amitié, du bon temps, du beau temps et de la belle ambiance.
Que fut notre surprise lorsque nous apprîmes que la course ne serait plus organisée à Marrakech pour des raisons indépendantes de notre volonté. Au lieu de parcourir les avenues plates de la Ville Rouge, de longer ses remparts imposants et bientôt millénaires, de nous abriter l'ombre de ses palmiers, d'admirer ses jacarandas aux fleurs mauves et aux fruits tellement pittoresques, nous allions désormais dérouler nos 10 kilomètres sur les contreforts de l'Atlas dans une région que ne font que traverser les voyageurs ayant décidé d'aller taquiner les sommets de l'Atlas ou allant pour quelque randonnée haut perchée dans la montagne. Malgré l'altitude relative, la région est réputée aride .... Nous allions rapidement en faire l'amère expérience.

Le peu de verdure autour de nous!
Les paillettes des 10 kilomètres de Marrakech avaient, malgré nous, cédé la place à une course devenue tristement célèbre dans notre groupe sous le nom des 10 kilomètres de Tahanout. Le sujet de discussion pour notre pasta party était tout trouvé; à quelque chose malheur est bon. Sans perdre notre jovialité et notre excitation à user nos chaussures de running pour notre 2ème 10 kilomètres, nous passâmes, j'en suis certain, tous la nuit à rêver d'une belle course et de son contraire.
La course est prévue à 9h. Déjà cet horaire de départ nous inquiète. Cette 1ère fin de semaine d'octobre s’avère très chaude. L'été n'a pas encore rendu l'âme à Marrakech. Qu'à cela ne tienne, nous nous réconfortons à l'idée que les contreforts de l'Atlas devraient être plus frais étant donnée l'altitude. Nous nous le répétons comme incantation.

Je me réveille. Il est 6h. Il fait déjà chaud, je sens mon cou et mon dos humide .... La course va être dure ... Mais non, en altitude la température va baisser, me répétais-je en boucle. Je me prépare, je prépare mon équipement de course et j'envoie un message au groupe pour confirmer le point de rencontre. Il est 6h30. Le soleil est haut et tape déjà fort ... Mais non, en altitude la température va baisser, continuais-je à me répéter. 

Nous prenons la route. La joie et l'excitation de courir reprennent le dessus. Mais mon dieu qu'il fait chaud. La climatisation dans la voiture tourne déjà à 7h du matin. Nous sommes encore au niveau de Marrakech et bientôt nous attaquons la route qui grimpe, bientôt il fera frais. Un périple de 45 minutes nous mène dans une région, certes aux pieds de l'Atlas, mais une région terriblement aride, rougeâtre, caillouteuse, balayée par un vent chaud et quasi-dépourvue de couverture végétale. Je balaie le paysage du regard et j'essaie tant bien que mal de retrouver mon sourire. Il va faire chaud mais nous sommes ensemble; nous sommes là pour prendre du plaisir.  Que Marrakech semble loin.

Communication décousue et en bribe, point de départ mal indiqué, organisation en pleine ébullition après le changement de lieu de la course, arche d'arrivée en cours de montage à moins d'1 heure du départ .... Finalement la chaleur n'est que la pointe émergée de l'iceberg.


La joyeuse troupe est prête à en découdre!

Nous sommes au point de départ, enfin, après 30 minutes de tergiversations. Nous sommes prêts à courir même si la ligne de départ n'est pas clairement identifiée ... Et la chaleur qui commence à se faire sentir. Nous avons déjà épuisé toute notre eau.

Il est 9h, puis 9h30 ... Encore rien. Toujours au même point .... plus le temps avance, plus nous avons l'impression que le soleil se rapproche. Il est 10h et une chaleur écrasante prend appui sur nos épaule. Pire que ce que nous avions imaginé .... Les contreforts de l'Atlas n'ont pas joué le rôle de bouclier thermique qu'ils étaient supposés jouer .... Nous sommes face à nous même sans eau, ignorant l'heure de départ, attendant un signe de je-ne sais-qui .... Il est 10h, il fait chaud, le soleil est quasiment à son zénith. La troupe de coureurs s'excite, s'énerve, demande, râle .... Laissez-nous prendre le départ, laissez-nous affronter le soleil, laissez-nous affronter cette contrée aride et qui semble maintenant tellement inhospitalière .... La troupe de coureurs va se transformer en meute si rien n'est fait ....
Il est 10h30. Le départ est donné. Je mets quelques secondes avant de le réaliser. Il faut partir. Un seul objectif : rejoindre tant bien que mal la ligne d'arrivée. Il fait chaud. Dieu, qu'il fait chaud. Je démarre ma montre sans vraiment être sûr que la ligne de départ soit la bonne. Dans les tous cas, les dés sont lancés.


Les contreforts de l'Atlas au loin!

Le déroulement de la course fut difficile mais simple : chaleur, manque d'eau et parcours abominablement difficile pour les coureurs amateurs que nous étions. Langue pendue, nous comptions les kilomètres un à un, peut-être même les hectomètres un à un. Les ravitaillements était tous affreusement chaotiques, insuffisants et l'eau, quand il y en avait, avait pris la chaleur, à peine suffisante pour humidifier notre bouche sèche et pâteuse. Un bout de parcours en aller et retour me permit de croiser quasiment tous mes compagnons d'infortune. Une grimace avait laissé place au sourire. Tous souffraient de la chaleur. L'eau manquaiy tellement que certains d'entre nous ont dû récupérer les bouteilles d'eau entamées jetées par d'autres coureurs les précédant.

La dernière ligne droite, enfin. Et quelle ligne droite .... Plus d'un kilomètre d'une côte abrupte et sans ombrages. Il me semblait vraiment que le soleil était plus proche à cette altitude et que nous continuions à grimper vers lui tant la chaleur tapait fort.

L'arrivée .... enfin. La délivrance .... enfin .... de l'eau à satiété .... enfin. Les 10 kilomètres étaient derrière moi. J'étais abrutis par la chaleur mais j'étais content de franchir la ligne d'arrivée .... Je cherchais maintenant du regard mes compagnons de course arrivés avant moi.


La médaille !
Le souffle coupé, on se congratule, on se prend dans les bras, on se raconte nos misères. 10 kilomètres de course qui nous a paru une éternité.
Les sourires sont de retour et la fierté d'avoir terminé prend le dessus. Finalement, nous en étions venu à bout et le plaisir de courir était resté intact. Cette avalanche de mésaventures a encore plus soudé le groupe. Nous étions rouges de poussière mais rayonnants de bonheur, nous étions brûlés par le soleil mais apaisés d'être tous arrivés sains et saufs.
La médaille entre les dents pour la 2ème fois avec les Runners de Dar Bouazza. Que du bonheur.





Mes coups de cœur
Quasiment aucun, si ce n'est la pugnacité de l'organisateur à déplacer la course et à la maintenir malgré tous ses déboires.

Mes coups de gueule
L'eau était une denrée rare.
L'organisation était dépassée par l’événement étant donné le changement de lieu à la dernière minute.

Ma recommandation
Ne jamais prendre le départ à une course si le lieu de la course change à la dernière minute. Trop d'aléas rendent la course difficile et peu agréable.

Cette course a eu lieu le 4 octobre 2015 à Tahanaout au Maroc.
Course de 10km

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