samedi 20 janvier 2018

Semi-Marathon de Marrakech 2016 ou l'absence de Papa


Cela fait 2 ans que mon père est parti. Il me manque terriblement.

Il faisait beau ce matin du dernier dimanche de janvier. Le soleil brillait fort, le ciel était bleu mais mon cœur était encore lourd et de noirs nuages planaient encore au-dessus de lui. J'ai couru, avec mon frère, le semi-marathon de Marrakech le cœur lourd mais en pensant en permanence à lui. Je suis passé par des endroits qui nous étaient
familiers, je suis passé proche de sa dernière demeure. À ce moment-là, l'émotion fut terrible, je sentis mon cœur voulant sortir de ma poitrine, je ne pus retenir mes larmes. Pendant de longues minutes, je n'entendais plus les cris et les encouragements autour de moi. J'avais même cru quelques secondes que je m'étais arrêté. Je ne pensais plus qu'à lui, son image m'envahissait. "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé", avait jadis si judicieusement écrit Lamartine.

J'ai volontairement pris le départ avec mon frère à l'écart de mes amis Runners Dar Bouazza car j'avais les yeux plein de larmes. Je suis parti loin derrière.

Les kilomètres se sont succédés de façon uniforme sans saveur. J'ai juste pensé à mon père pendant 21km, du début à la fin. J'ai croisé mes amis, je me suis forcé à leur sourire. J'en garde un lourd souvenir alors que j'ai amélioré mon temps de près de 15 minutes.

Voilà la lettre que j'ai écrite à mon père pour ce semi-marathon :

Papa, tu me manques.
C'était un dimanche ensoleillé de Janvier comme nous en avons tellement partagé.

Mais il m'en manquera toujours un dernier avec toi.

Ce dimanche, je le rêvais aussi beau avec toi depuis bien longtemps. Bien avant que tu partes, bien avant que ton absence ne me marque à tout jamais. Tu es dorénavant dans toutes mes pensées. Tu l'étais depuis toujours mais là tu n'es plus que dans mes pensées. J'ai couru longtemps, j'ai pleuré presque autant. Traverser des lieux qui te sont familiers, qui nous sont familiers a ravivé cette indicible douleur que je croyais enfouie mais qui revient sans cesse.

Je n'avais qu'une seule envie que cette course ne se termine pas car je sentais ta présence avec moi, plus forte que n'importe qu'elle autre jour. Inexplicable, incroyable, indescriptible, inimaginable, irrationnel. On peut qualifier cela comme on le souhaite. L'essentiel est ta présence autour de moi. Je cours souvent et cela s'accompagne à chaque fois de douleurs physiques qui me forcent à modérer mon allure, à comprendre mes limites, à accepter mon état. Mais ce dimanche, ta présence et ton image dans mes pensées m'ont fait oublier mes douleurs, m'ont aidé à repousser mes limites, m'ont permis de transcender mon état.


J'ai toujours cru en toi. Je t'ai toujours cru. Depuis ton départ, je continue à croire en toi, plus fort qu'avant même. Tu es parti. Je n'y peux rien. Tu n'y peux rien. Tu ne m'as pas laissé. Tu as juste tourné une page d'un livre que nous écrivions ensemble et que je continuerai désormais d'écrire pour nous deux. Des pages continueront à être tournées mais je ferai en sorte que jamais ce livre ne se referme jamais. C’était ton livre, c’est maintenant notre livre. Y croire, c'est le faire vivre. Y croire c'est le vivre. Y croire, c'est croire en toi.

Je ne sais si ces mots vont te parvenir et apaiser ma douleur. Mais ils me permettent de rester près de toi à tout moment, de te voir souvent, de te parler souvent .

La vie est une succession d'épreuves et certaines épreuves durent toute la vie.
Papa, tu me manques.

Ce semi-marathon de Marrakech a eu lieu le 31 janvier 2016.

3 commentaires:

  1. Allah irehmou. Très émouvant!!

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  2. C'est très beau. Comme je te comprends ! Je rêve tout le temps de ma mère et ça m'apaise la journée. Comme si elle est toujours là. Ina lilah wa ina ilayhi raji3oun

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