vendredi 24 septembre 2021

Road to Berlin!

C’était une autre époque, c’était une autre vie, c’était l’insouciance, c’était la liberté, c’était quand il était encore possible de se projeter sur le long terme, c’était le printemps tout le temps. Une pandémie est passée par là, et plusieurs vagues ont réussi à balayer quantités de nos espérances. Nos habitudes ont changé, les plus solides de nos certitudes ont été ébranlées, la plus simple de nos décisions devenait un défi.

C’était en 2019, décembre 2019, mon dernier marathon, mon dernier défi face à moi-même. Une belle épopée andalouse qui m’a permis de découvrir Malaga. Depuis lors que d’échéances reportées, que de rendez-vous annulés, que d’élans brisés, que d'évènements reportés, que de dossards abandonnés. Mais il a fallu continuer à y croire, il a fallu continuer à courir, à s’entraîner, à se préparer, à se motiver. Il a tout simplement fallu continuer à vivre, une chape pandémique nous survolant en permanence.


Et rien que telle qu’une préparation à un marathon pour garder l’adrénaline au plus haut, pour pousser la motivation au plafond et pour maintenir le sourire sur le visage. Une sortie longue me faisait si facilement oublier la pandémie que l’envie d’en enchaîner plusieurs n’était entamée  que par la volonté de préserver mes articulations. Et cette fois-ci, cette préparation était un pari pour l’avenir, un pari contre la pandémie, un pari pour continuer à y croire. Juin 2021, un été chaud et humide, une atmosphère mêlant vacances et inquiétudes, un curieux sentiment de déjà vu s’installe doucement. Juin 2021, énormément de frontières autour du globe sont encore fermées. Juin 2021, les exigences pour se déplacer sont draconiennes. Juin 2021, les organisateurs du marathon eux-mêmes ne savent pas si le marathon aura finalement lieu. Rien d’encourageant à première vue mais je décide de me lancer dans la préparation du marathon de Berlin. Insouciance, optimisme, désinvolture, folie, les épithètes relatifs à cette décision sont légion et aussi nombreux que contradictoires. Et pourtant il y une flamme au bout du tunnel et je compte sur cette petite flamme pour initier un feu de joie à Berlin pendant 42.195km et surtout pour se transformer en feu d’artifice une fois la ligne d’arrivée franchie.


Alea Jacta Est.


L’espoir fait vivre, souvent nous nous répétons à nous-même. L’espoir, il faut savoir faire vivre surtout quand la situation peut sembler chaotique, incertaine ou malencontreuse. Sortir aux premières lueurs de la journée pour des séances de plusieurs kilomètres, rattraper une séance perdue tard dans la soirée, se retrouver en groupe pour se motiver et pour, à chaque fois, regonfler le moral de ceux qui semblent ne plus y croire.

L’adrénaline est, à chaque fois, au rendez-vous et les endorphines font correctement leur travail. C’est peut-être finalement le principal gain, le principal objectif. Le gâteau est peut-être finalement plus savoureux que la cerise. J’ai souvent rêvé, idéalisé le franchissement de la ligne d’arrivée du marathon, fantasmé sur cette médaille qui vient couronner une longue et souvent lourde préparation. Cette fois-ci, il fallait se trouver un autre objectif tant le sort du marathon était incertain. Et il fallait puiser au plus profond de moi-même pour garder une motivation inaltérée. Et chose inattendue, le plaisir était à chaque fois au rendez-vous, les sensations étaient à leur meilleur niveau, le plaisir faisait sourire et ce plaisir donnait à chaque fois l’envie de continuer, de recommencer, de persévérer, de courir, d’avaler des kilomètres.

Et plus les semaines avançaient, plus la préparation devenait plus importante que l’objectif, plus la préparation prenait tout son sens pour le simple amateur que j’étais, plus la préparation devenait indispensable dans ma routine quotidienne, plus la préparation s’imposait comme un mode de vie, une façon de se comporter face au sport, face à la course à pied.

Maintes fois, j’ai planifié mon itinéraire vers Berlin, maintes fois, j’ai dû changer mon fusil d’épaule, maintes fois, le ciel s’assombrissait au-dessus du sort du marathon. Mais à aucun moment, ces tergiversations pandémiques n’ont entamé ma motivation, ma résignation et mon enthousiasme. Au contraire, plus j’avançais dans ma préparation, plus j’y croyais, plus l’impossible promettait de se métamorphoser en possible. Ma détermination était, cette fois-ci en particulier, uniquement sportive. Et quelque aurait été l’issue du marathon, j’aurai eu la fierté d’avoir tenu ma préparation jusqu’au bout. En cas d’un dénouement positif, la saveur des mythiques 42.195km n’en sera que décuplée.


Aujourd’hui, nous sommes le vendredi 24 septembre, je suis à Berlin, j’ai mon dossard du marathon entre les mains, j’ai des images plein la tête, j’ai une préparation dans les jambes, j’ai un enthousiasme qui déborde, je pense déjà à l’arrivée, à la sieste après le marathon, à la fête après le marathon, au sentiment d’accomplissement qui n’a d’égal que la fatigue post-marathonienne.


A dimanche.


Ce marathon de Berlin aura lieu le 26 septembre 2021.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire